LE PRéSIDENT ARGENTIN JAVIER MILEI SE REND ALLEMAGNE, UNE VENUE RéDUITE EN «VISITE DE TRAVAIL» FACE AUX CRITIQUES

Le président argentin Javier Milei poursuit sa tournée européenne. Après l'Espagne vendredi, le président d'extrême-droite est en Allemagne depuis samedi 22 juin, où il sera reçu dans la journée par le chancelier Olaf Scholz, pour parler libre-échange et lithium. Cette visite fait grincer des dents dans le pays, si bien que la visite a été transformée en simple réunion de travail.

 

Le chancelier allemand Olaf Scholz devait-il vraiment recevoir Javier Milei ? La question s'est posée en Allemagne alors que le président argentin d'extrême droite n'a pas rencontré le premier ministre Pedro Sánchez, vendredi, lors de son passage en Espagne. Si le chancelier allemand en a décidé autrement, c'est notamment en raison des enjeux économiques qui lient l'Allemagne et l'Argentine, rapporte notre correspondante à Berlin, Delphine Nerbollier. Même si tout semble opposer les deux hommes. L'ultralibéral Javier Milei a fait campagne une tronçonneuse à la main, promettant une coupe rase dans tous les services publics, quand Olaf Scholz est un tranquille social-démocrate allemand.

Jusque-là, pendant son mandat, Javier Milei avait d'ailleurs préféré rencontrer le sulfureux patron de Tesla Elon Musk et l'ex-président américain Donald Trump, plutôt que ses principaux partenaires commerciaux du Brésil et du Chili, deux pays dirigés par la gauche.

Mais Javier Milei et Olaf Scholz croient tous les deux dur comme fer au traité de libre-échange censé rapprocher l'Union européenne (UE) et le Mercosur (l'alliance entre le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay). Ce projet est au point mort, notamment depuis le mouvement de colère des agriculteurs européens, mais également en raison des inquiétudes environnementales d'État-membres de l'UE et de la société civile brésilienne.

Les polémiques suscitées par le président argentin d'extrême droite pourraient empirer le cas de cet accord. Javier Milei a déclenché une crise diplomatique avec l'Espagne, après avoir traité l'épouse du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez de « femme corrompue » lors d'une visite dans le pays ibérique. L'Espagne a retiré son ambassadeur à Buenos Aires et Javier Milei s'en est pris encore une fois à Pedro Sánchez lors de sa visite de vendredi 21 juin.

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Une histoire de lithium

En attendant, les liens commerciaux entre les deux pays restent faibles. L'Allemagne a certes exporté plus de 3 milliards de dollars de biens à destination de l'Argentine en 2022, principalement des médicaments et des produits automobiles, mais l'Europe n'est qu'un marché marginal pour l'Argentine. Et ce, loin derrière ses partenaires du continent américain et la Chine.

Cela pourrait changer à l'avenir : le sol argentin regorge de lithium, dont l'industrie automobile allemande a grand besoin pour assurer sa transition vers l'électrique. Voilà d'ailleurs un des éléments qui a sûrement pesé dans la balance pour convaincre le chancelier allemand se laisse convaincre de recevoir Javier Milei.

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Des voix protestataires se sont toutefois élevées, et diverses organisations appellent Berlin à ne pas passer d'accord économique avec Javier Milei sans obtenir de garantie pour les droits de l'homme et l'environnement en retour. 

Face à un partenaire difficile, il a donc été décidé à la chancellerie de réduire la voilure et de se faire discret. Il n'y aura pas de cérémonie militaire ce dimanche 23 juin. Officiellement, il ne s'agit que d'une réunion de travail. À la demande du dirigeant argentin, il n'y aura pas non plus de conférence de presse. 

Une visite de travail d'une petite heure

« Depuis son entrée en fonction, M. Milei a donné très peu de conférences de presse (...) Nous nous sommes finalement pliés à son souhait », s'est justifié Steffen Hebestreit, le porte-parole du gouvernement allemand. « C'est une très courte visite de travail, qui, conformément au souhait du président argentin, va durer une petite heure », a-t-il ajouté. Peut-être que les Allemands ont été échaudés par les sorties du dirigeant argentin lors de son passage en Espagne. Le président en avait profité pour lancer une pique à Pedro Sánchez, le Premier ministre, ancien économiste, dont il a dit que « manifestement, bien qu'il ait étudié l'économie, soit il n'a pas compris, soit il aime vraiment l'État ».

 

En Allemagne, sur le terrain, la visite s'est doublée de manifestations à Hambourg, samedi. Javier Milei y a reçu un prix de la part de la Fondation Friedrich von Hayek, classée néolibérale et proche de la droite populiste allemande. Dehors, l'heure était aux protestations de groupes de gauche allemands, venus manifester leur opposition à venue du président argentin, a rapporté la chaîne allemande de radio et télévision Deutsche Welle.

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