FOOTBALL: LA BONNE SANTé éCONOMIQUE DES CLUBS EUROPéENS

Le cabinet en stratégies Deloitte a publié mardi 25 juin un rapport attestant de la bonne santé économique des clubs de football européen. Après une période creuse sous l’effet des restrictions Covid, les résultats financiers de la saison 2022-2023 atteignent des sommets. Le chiffre d'affaires global des clubs du Vieux-Continent atteint les 35 milliards d’euros, une hausse de 16% par rapport à la saison précédente. Même avant la pandémie, les résultats financiers n’étaient pas aussi vertigineux.

Pour le monde du football, le Covid-19 n’est plus qu’un lointain souvenir. Les stades sont de nouveau remplis, la menace de voir la saison subir des interruptions est levée… et les trésoreries des clubs européens s’en ressentent. La fin des restrictions sanitaires n’est toutefois pas le seul facteur expliquant ce rebond considérable. La Coupe du Monde au Qatar, pendant l’hiver 2022, a également retenu l’attention des auteurs du rapport (à consulter ici).

« Malgré les appels au boycott, cette compétition a été massivement suivie en Europe », confie le spécialiste Christophe Lepetit, chargé d’études économiques au Centre de droit et d’économie du sport. L’engouement autour du ballon rond suscité par la compétition a ensuite perduré, jusqu’à avoir des retombées bénéfiques sur les audiences télévisuelles des championnats nationaux. Sans oublier que les clubs, privés de leurs joueurs pendant plus d’un mois, ont reçu d’importants dédommagements financiers de la part de la Fifa.

D’où vient cet argent ?

Depuis la libéralisation du marché de l’audiovisuel au début des années 1980, les droits de diffusion demeurent le premier poste de recettes des grands clubs professionnels. Leur importance tend cependant à s’amoindrir ces dernières années, au profit des contrats de sponsoring. Les firmes sont en effet prêtes à payer de plus en plus cher pour inscrire leur nom sur le maillot ou le short des équipes. La billetterie, enfin, constitue la dernière source de revenus majeure ; dès lors, on comprend mieux les effets salvateurs de la levée des dernières restrictions sanitaires.

Les cinq championnats majeurs se taillent la part du lion

Les clubs anglais, espagnol, allemand, italien et français génèrent à eux seuls plus de la moitié du chiffre d’affaires du football européen. La saison 2022 - 2023 a été synonyme d’une hausse de 14 % de leur chiffre d’affaires, un chiffre qui culmine à 22 % pour les clubs allemand et italien.

Pourquoi un tel écart entre le « Big Five » et les autres championnats européens ? Essentiellement parce que leur notoriété leur donne accès à certaines sources de revenus – on pense au premier chef aux droits télé – qui demeurent dérisoires ou inexistants pour nombre d’autres clubs. La Premier League, en effet, est suivie sur petit écran aux quatre coins de la planète. C’est moins le cas des championnats belge, portugais ou néerlandais.

Le football féminin en développement accéléré outre-Manche

Le football féminin n’est pas tout à fait en reste. Bénéficiant des retombées de l’Euro 2022 remporté à domicile par les Anglaises, les clubs du championnat féminin anglais ont vu leur chiffre d’affaires augmenter de 50 % en moyenne. Une hausse vertigineuse, qui trouve sa source dans l’intérêt croissant du public. La saison 2022 - 2023 a en effet vu les audiences télévisuelles et l’affluence dans les stades bondir. Plusieurs autres fédérations européennes ont récemment lancé des plans de développement du football féminin, mais sans résultat aussi probant pour l’instant.

Une concurrence croissante, mais encore loin d’être menaçante

Le rapport publié par Deloitte ne se contente pas de décrire en détail la situation actuelle, très encourageante, mais cible aussi plusieurs défis que le football européen aura à relever dans un avenir proche. Au-delà du problème d’endettement de plusieurs grands clubs, l’attention des auteurs s’est surtout portée sur la concurrence accrue que pourraient représenter certains championnats d’autres continents.

Christophe Lepetit explique : le nombre de chaînes télé et de sponsors potentiels étant limités, les revenus d’un club sont nécessairement générés au détriment des autres, au moins partiellement. Dans ce contexte, nombre de regards se braquent vers les championnats américain et saoudien – respectivement rejoints par Lionel Messi et Cristiano Ronaldo récemment – qui ont tous deux établi des stratégies ambitieuses de développement. Mais leurs dirigeants, eux-mêmes, ne se font pas d’illusion. Le président de la Saudi Pro League a récemment annoncé avoir pour objectif d’intégrer les rangs des dix meilleures ligues. « Même en remplissant leurs objectifs, ils resteraient donc très loin des grands championnats européens », résume Christophe Lepetit.

En bref, les clubs du Vieux-Continent ont encore de belles années devant eux.

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