EN CHINE, INSPECTION DES «SMARTPHONES» POUR RENFORCER LA LUTTE CONTRE L’ESPIONNAGE

Le contenu des appareils électroniques peut désormais être inspecté sans mandat en Chine. C’est ce que permettent les nouvelles règlementations dans le cadre la loi renforcée contre l’espionnage, entrée en vigueur le lundi 1er juillet 2024. Les autorités chinoises, elles, démentent « des allégations scandaleuses ».

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

Dans le métro, les trains, les ports, les aéroports, la police chinoise a désormais le droit d’inspecter votre smartphone, jeter un coup d’œil sur vos courriels, vos photos, vos vidéos, cela sans mandat et « en cas d’urgence » pour la sécurité nationale, même si, comme souvent en Chine, l’encadrement et la définition du caractère d’urgence restent flous.

« Les contrôles aux entrées et sorties du territoire ont été renforcés. Mais en réalité, la plupart de ceux qui font l’objet d’inspection ne sont généralement pas des gens ordinaires. Ces personnes sont souvent informées par téléphone, avant d’atteindre la douane, qu’elles ne pourront pas partir, explique Lu, un consultant visas dans une agence touristique dans le nord du pays. Et nous nous conseillons à certains groupes, comme ceux qui font leurs études à l'étranger, aux travailleurs expatriés et à ceux qui possèdent plusieurs passeports, de bien répondre aux questions concernant les motifs de leur voyage. »

Applis étrangères interdites en Chine

Ces mesures qui entrent dans le cadre de la nouvelle loi anti-espionnage, entrée en vigueur le 1er juillet 2023, concernent d’abord les Chinois. M. Lu conseille ainsi à ses clients qui font partie des « groupes à risque » d’effacer certaines applis censurées en Chine avant de partir, notamment aux étudiants chinois à l’étranger, qui sont particulièrement surveillés. Mais l’avertissement suscite de l’inquiétude également dans les pays voisins, notamment au Japon et en Corée du Sud, qui ont envoyé des recommandations de sécurité à leurs hommes d’affaires ou touristes en Chine. « Si vous utilisez Facebook, Instagram, Kakaotalk, Whatsapp et d’autres applis étrangères, dont l’utilisation est interdite en Chine, cela via un VPN qui n’a pas été approuvé par les autorités chinoises, vous risquez d’être soumis à une fouille inattendue », prévenait la semaine dernière les services de renseignements sud-coréens. 

Les autorités chinoises ont démenti ce lundi 1er juillet. Elles jugent « absurde » un contrôle systématisé des téléphones des voyageurs à leur arrivée en Chine. « Certaines forces hostiles à l’étranger ont déformé la vérité en faisant des allégations scandaleuses », affirme le ministère de la Sécurité d’État sur son compte officiel WeChat. Les cibles des inspections doivent être « des individus ou des organisations visées par une enquête du contre-espionnage, tels que des espions présumés qui prennent des photos ou des vidéos dans des zones militaires réglementées ou des unités classifiées », a indiqué le ministère de la Sécurité d’État.

Sachant que la « protection visuelle » des zones militaires a, elle aussi, été renforcée. Avec l’explosion des voyages intérieurs en avion, de plus en plus d’atterrissages et de décollages se font à hublots fermés pour ne pas donner aux passagers un aperçu des sites militaires près des aéroports, notamment.

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