NBA: QUI EST TIDJANE SALAüN, LA BELLE SURPRISE FRANçAISE DE LA DRAFT 2024

L'avis est lâché par un coach emblématique du championnat de France au cours d’une conversation informelle. "Si vous me demandez d’échanger le petit de Cholet contre celui de Bourg-en-Bresse, eh bien je vous dis non, hein!"

La comparaison entre Tidjane Salaün et Zaccharie Risacher, volontairement tranchée et provocatrice, met en avant un constat implacable: dans l’ombre de l’ailier burgien et d’Alexandre Sarr, premier et deuxième choix de la draft NBA 2024, un autre Français est prêt à réaliser une entrée fracassante dans la plus grande ligue de basket au monde.

Dans la nuit mercredi à jeudi, Tidjane Salaün a été sélectionné en sixième position par les Charlotte Hornets. Dans un monde "normal", c’est à dire un monde sans Victor Wembanyama ni Alexandre Sarr et Zaccharie Risacher, il serait devenu le Français le plus haut drafté de toute l’histoire (Bilal Coulibaly et Killian Hayes, tous deux 7e choix en 2023 et 2020).

Après des débuts en région parisienne (Orly, Arcueil, Charenton), Tidjane Salaün, frère cadet de Janelle Salaün, actuelle joueuse de l’équipe de France féminine de basket, débarque à l’Insep en 2020. En 2021, après seulement une saison sous les couleurs du Centre fédéral, il rejoint le centre de formation de Cholet Basket avec l’objectif de marcher sur les traces de Nando De Colo, Rodrigue Beaubois, Kevin Séraphin, Rudy Gobert ou encore Killian Hayes, tous draftés en NBA après avoir éclos dans les Mauges.

Après avoir brillé chez les équipes jeunes de Cholet, avec notamment une nomination dans le cinq majeur du Next Generation Tournament de Paris, le tournoi U18 de l’Euroligue, il entre officiellement dans la cour des grands à l’été 2023. À tout juste 19 ans, Tidjane Salaün signe alors son tout premier contrat professionnel. Et tout s’accélère très vite.

Pour ses premiers pas chez les grands, l’ailier gagne rapidement sa place dans la rotation de Laurent Vila et devient même l’un des joueurs les plus utilisés par le coach choletais (aux alentours de 25 minutes de moyenne par match sur l’ensemble de la saison). En Ligue des champions, l’équivalent de la C3, il s’offre notamment deux pointes à 24 unités et est élu meilleur jeune de la compétition.

Meilleur joueur du championnat en janvier, devant Mike James

En Betclic Elite, il n’a cessé de monter en puissance tout au long de la saison. Élu meilleur jeune sur l’ensemble de la phase retour, devant un certain Zaccharie Risacher, il est même sacré meilleur joueur du championnat au mois de janvier, devant Mike James (Monaco). Durant ce mois de janvier, il a notamment établi son record de points en carrière en Betclic Elite (20 points contre Boulogne-Levallois). Joueur intense, il a brillé durant toute la saison par sa combativité et son énergie.

"Je suis une source d'énergie pour mon équipe", approuve le principal intéressé au micro d’ESPN.

"Je me donne toujours à 100 %, j'apporte beaucoup d'intensité et de dynamisme. Il y a un feu en moi qui me pousse à donner le meilleur de moi-même à chaque match", complète celui qui est souvent comparé à Aaron Gordon (Denver Nuggets).

Tidjane Salaün passe encore un cap en playoffs en sortant une performance monumentale dans le match 1 du quart de finale contre Paris Basketball. Auteur de 19 points, 8 rebonds et 3 passes, il est l’un des grands artisans du succès surprise des Choletais sur le parquet du club de la capitale, futur vice-champion de France.

Face à Paris, où il a rentré des tirs décisifs dans le money time, son mental à tout épreuve et sa capacité à résister à la pression ont impressionné. Après cette rencontre, sa cote a explosé aux États-Unis et les highlights de ses tirs décisifs ont été repris par tous les médias américains.

Gros compétiteur, Tidjane Salaün n’a pas peur de prendre ses responsabilités et affiche une grande confiance en lui. Un caractère qui plaît énormément aux recruteurs NBA.

"Je vais être le meilleur joueur français en NBA", a-t-il d’ailleurs clamé début juin.

Mais derrière cette assurance se cache également un très gros bosseur. Grâce à cette éthique de travail, il a d’ailleurs affiché de très gros progrès dans sa régularité à trois points, une donnée essentielle pour réussir en NBA. "Tidjane travaille comme un fou pour être en réussite. Le tir à trois points, c’est quelque chose qu’il affectionne, qui est facile pour lui parce qu’il joue souvent contre des joueurs plus petits que lui. Et les performances de très haut niveau, c’est l’aboutissement de son travail, et toute l’équipe en profite”, louait Laurent Vila dans les colonnes de Ouest-France en milieu de saison.

"J’aime travailler", appuyait alors Salaün auprès du quotidien régional.

"Le travail apporte forcément des améliorations. Tu te sens plus à l’aise et tu peux tenter de nouvelles choses", expliquait-il.

Des qualités athlétiques impressionnantes

Le Choletais plaît également aux recruteurs grâce à ses qualités athlétiques, condition indispensable pour taper dans l'œil des franchises NBA. Avec 2,06m sous la toise et presque 2,20m d’envergure, le tout combiné à une musculature déjà bien développée, Tidjane Salaün dispose de tout le bagage physique pour s’adapter à la NBA.

"Tidjane Salaün, c'est d'abord un corps. Un joueur capable de défendre sur plusieurs positions et d'être positif en attaque”, résume le site Envergure, spécialiste du scouting et de la draft.

De son côté, ESPN met en avant "une mobilité impressionnante" et "une envergure qui le rend difficile à repousser". Le tout combiné à une "intensité exceptionnelle". Ces capacités physiques lui permettent d’ailleurs d’exceller en défense, où son énergie est là aussi précieuse. Grand, long et athlétique, il peut défendre toutes les positions, du moins par séquences.

Défense, shoot à trois points, qualités athlétiques, gros mental, éthique de travail… Difficile, alors, d’expliquer pourquoi Tidjane Salaün semblait passer un petit peu plus sous les radars que ses compatriotes Zaccharie Risacher et Alexandre Sarr.

"Mais il l’a, l'intérêt des scouts", corrige Emmanuel Le Nevé, du média Envergure. "Il l’a peut-être un peu moins du grand public, mais dès octobre, tous les scouts allaient à Cholet pour prendre des informations. Il est moins connu du grand public mais est très connu dans le monde du basket, autant que les deux autres, voire peut-être plus que Sarr", explique le spécialiste.

Les doutes sur sa polyvalence en attaque, notamment dans le maniement du ballon et ses prises de décisions, peuvent aussi expliquer une cote légèrement inférieure à celles de Risacher et Sarr. "À Cholet, il répondait à un rôle qui lui avait été donné et il n’a pas débordé des lignes", avance Emmanuel Le Nevé. "Ça a très bien fonctionné, notamment contre Paris lors du match 1 des playoffs. Ses shoots sont rentrés, il a été servi sur ses cuts. C’est ce qu’il a fait tout au long de la saison. Sa cote a bondi en deux jours mais il joue comme ça depuis qu’il est en espoir: shoot à trois points puis coupe vers le cercle. Mais il en a tellement sous la pédale…"

La planète basket n’a pas encore tout vu. "Dans les classements que je fais, c’est potentiellement l’un des meilleurs joueurs de cette draft", tranche Emmanuel Le Nevé. "Les Américains vont être impressionnés par son physique, son corps et sa capacité à savoir tout faire." La NBA est prévenue.

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