RéFORME DU CONSEIL DE SéCURITé : POSITION COMMUNE DU TCHAD ET DU BURUNDI

Lors de la visite officielle du président tchadien Mahamat Idriss Deby au Burundi pour célébrer le 62e anniversaire de l’indépendance du pays, un communiqué conjoint a été publié. Cette annonce souligne la nécessité de réformer le Conseil de sécurité des Nations Unies afin de garantir une meilleure représentation de l’Afrique. Les deux présidents ont lancé un appel pressant en ce sens et ont réitéré leur attachement au Consensus d’Ezulwini.

Malgré sa taille et son importance croissante dans les affaires mondiales, l’Afrique reste exclue des sièges permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’absence de membres africains permanents au Conseil de sécurité résulte de la structure post-Seconde Guerre mondiale des Nations Unies, qui n’a pas évolué pour refléter les réalités géopolitiques contemporaines. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque de la création des Nations Unies, le continent africain était encore sous la domination des pays européens.

Pour éveiller la conscience de la communauté internationale, Mahamat Idriss Deby et Évariste Ndayishimiye se réfèrent à 2005, lorsque tous les pays africains se sont mis d’accord sur une position commune consistant à inclure une représentation africaine au sein du Conseil de sécurité.

Cette revendication n’est pas la seule de ces dernières années. En 2022, Macky Sall, chef d’État sénégalais et président en exercice de l’Union africaine à l’époque, avait demandé devant l’Assemblée générale de l’ONU une réforme du Conseil de sécurité pour que l’Afrique soit mieux représentée. « Près de quatre-vingts ans après la naissance du système des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods, il est temps d’instaurer une gouvernance mondiale plus juste, plus inclusive et plus adaptée aux réalités de notre temps », suggérait Macky Sall. « Il est temps de vaincre les réticences et de déconstruire les narratifs qui persistent à confiner l’Afrique à la marge des cercles décisionnels. Il est temps de faire droit à la juste et légitime revendication africaine sur la réforme du Conseil de sécurité, telle que reflétée dans le Consensus d’Ezulwini », disait-il en s’adressant à la 77e session de l’Assemblée générale.

En 2023, au cours de la 78e Assemblée Générale des Nations Unies, le président kenyan, William Ruto, a déclaré que cet organe exécutif est « dysfonctionnel, antidémocratique, non inclusif, non représentatif et donc incapable de réaliser des progrès significatifs ».

Pascal Niyonizigiye, docteur en sciences politiques et professeur de relations internationales à l’Université du Burundi, souligne l’importance d’adapter les structures internationales aux réalités contemporaines pour garantir une gouvernance mondiale équitable et représentative. « Les présidents africains demandent la réforme du Conseil de sécurité. J’estime que c’est une réclamation pertinente qui se défend. La structure des Nations Unies, telle que nous la connaissons, existe depuis 1945. Pourtant, le monde n’est plus le même. Il a beaucoup changé. Cela nécessite obligatoirement des changements dans la manière de le gouverner », soulignait-il lors de son entretien avec Tama Média.

Le consensus d’Ezulwini : une voix pour l’Afrique

Adopté en 2005 par l’Union Africaine, le Consensus d’Ezulwini est une position commune visant à corriger l’injustice historique de l’exclusion de l’Afrique des processus décisionnels internationaux. Ce consensus appelle à une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, réclamant deux sièges permanents avec droit de veto pour les pays africains et cinq sièges non permanents.

Le principal objectif du Consensus d’Ezulwini est de rendre le Conseil de sécurité plus démocratique, représentatif et transparent. Il souligne également que tant que le droit de veto existe, les nouveaux membres permanents devraient également en bénéficier, bien que l’idéal serait l’abolition complète du droit de veto pour tous les membres.

Depuis 79 ans, le Conseil de sécurité des Nations Unies est composé de quinze membres, dont cinq sont permanents : les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni. Ces cinq membres possèdent un droit de veto, leur permettant de bloquer toute résolution, indépendamment du soutien majoritaire qu’elle pourrait recevoir. La structure n’a jamais été changée depuis février 1945 lors de la Conférence de Yalta, quand Roosevelt, Churchill et Staline se sont rencontrés et ont convenu de la structure finale du Conseil de sécurité, y compris le droit de veto pour les cinq membres permanents.

Les dix autres membres sont élus pour des mandats de deux ans par l’Assemblée générale des Nations Unies, avec une répartition géographique assurant une représentation équitable des différentes régions du monde. Cependant, l’Afrique, malgré sa taille et son influence croissantes, demeure sous-représentée, n’ayant aucun membre permanent et une présence limitée parmi les membres non permanents.

L’abolition du droit de veto

L’abolition du droit de veto, évoquée par le Consensus d’Ezulwini, rappelle que ce droit a été établi lors de la création des Nations Unies en 1945. Les cinq membres permanents actuels ont obtenu ce statut en raison de leur rôle clé et de leur puissance en tant qu’Alliés victorieux de la Seconde Guerre mondiale. Ce privilège visait à garantir la coopération des grandes puissances dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Malgré les 54 États africains membres de l’ONU et le rôle croissant de l’Afrique dans les affaires internationales, le continent reste marginalisé. La voix de pays comme le Burundi et le Tchad semble être ignorée. Cependant, une position commune entre tous les pays africains pourrait soulever cette injustice ensemble.

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