ÉNERGIE : ET SI ON DOUBLAIT LA PUISSANCE DU CâBLE éLECTRIQUE DAKHLA-CASABLANCA ?

Le projet de câble électrique reliant Dakhla à Casablanca, conçu pour transporter de l’électricité verte produite à partir des ressources solaires et éoliennes de la région, est remarquable à bien des égards. Néanmois, des experts, dont Dr Said Guemra, plaident pour une augmentation significative de sa capacité. Ils proposent de doubler sa puissance de 3 gigawatts (GW) à 6 GW pour optimiser pleinement ce projet ambitieux.

Des experts, dont notamment l’expert en management de l’énergie, Dr Said Guemra, estiment que l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE) est en mesure de relever le défi de doubler la puissance du câble électrique Dakhla-Casablanca. Cette augmentation de la puissance de cette autoroute électrique représente une opportunité stratégique pour le Maroc de tirer pleinement parti de ses ressources renouvelables, de renforcer son intégration énergétique avec l’Europe et de répondre aux défis de décarbonation. Ce projet ambitieux pourrait transformer le paysage énergétique du pays tout en contribuant à la transition énergétique mondiale.

Potentiel énergétique et opportunités d’exportation

La région de Dakhla, riche en ressources renouvelables, est parfaitement positionnée pour devenir un acteur clé dans le secteur de l’énergie propre. L’extension de la capacité du câble permettrait non seulement de répondre aux besoins énergétiques nationaux mais aussi d’exploiter le potentiel d’exportation vers l’Europe. Actuellement, le kilowatt-heure d’énergie renouvelable produit au Maroc pourrait se vendre à plus de 0,2 euros sur le marché européen. En doublant la capacité du câble, le Maroc pourrait générer ainsi des recettes annuelles estimées à 200 millions d’euros, selon les prévisions du Dr Guemra.

Connexion avec l’Europe et projets d’infrastructure

Pour maximiser les bénéfices de cette expansion, il est suggéré que le câble de Dakhla ne s’arrête pas à Casablanca mais se prolonge jusqu’à Tanger. Cette extension permettrait de se connecter au câble Maroc-Espagne, dont la puissance serait augmentée de 1,4 GW à 2,1 GW grâce à une nouvelle interconnexion de 700 mégawatts. Une telle interconnexion renforcerait l’intégration du Maroc dans le réseau énergétique européen, augmentant ainsi les opportunités d’exportation de l’énergie renouvelable.

Besoins internes et objectifs de décarbonation

Par ailleurs, le Maroc fait face à des besoins croissants en matière de décarbonation dans divers secteurs. La production d’ammoniac vert pour les besoins de l’OCP, qui requiert environ 1.000 mégawatts pour produire 276.000 tonnes d’ammoniac vert par an, ainsi que les besoins thermiques industriels, nécessitent une part importante de cette capacité. De plus, les initiatives de décarbonation des établissements hôteliers, avec une demande estimée à 300 mégawatts pour Agadir et 400 mégawatts pour Marrakech, ainsi que la décarbonation des industries de Tanger, qui nécessitent environ 800 mégawatts, augmentent les exigences.

Au total, les besoins énergétiques pour ces différents projets, associés aux 2.000 mégawatts destinés à l’exportation vers l’Europe, exigent donc de doubler la capacité du câble Dakhla-Casablanca à 6 GW. Cette extension garantirait non seulement une réponse adéquate aux besoins internes en décarbonation mais aussi la possibilité d’optimiser les revenus d’exportation.

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