TSHISEKEDI ET LE M23, GOïTA FACE à GHAZOUANI, « SORO » ET LES SOUPçONS DE COMPLOT… LES 5 INFOS QU’IL NE FALLAIT PAS RATER

Des « instructeurs français » face au M23 en RDC, tensions entre le Mali et la Mauritanie, soupçons de complot en Côte d’Ivoire, cartographie des prêts chinois accordés à l’Afrique, pénurie de médicaments au Maroc… Notre Brief hebdomadaire sur les articles qu’il ne fallait pas manquer cette semaine.

Bonjour à toutes et tous,

Comme chaque semaine, nous sommes heureux de vous retrouver pour notre Brief hebdomadaire. Cette newsletter, à laquelle vous pouvez vous inscrire ci-dessous, vous propose de revenir sur cinq des articles de Jeune Afrique parmi les plus marquants des sept jours précédents.

Cette semaine, au programme :

• Instructeurs français, formateurs roumains, drones chinois… Face au M23, Félix Tshisekedi tente tout

• Face à Assimi Goïta, Mohamed Ould Ghazouani peine à contenir sa colère

• Entre Ibrahim Traoré et Alassane Ouattara, le « cas Soro » et la crainte du complot

• Chine-Afrique : la cartographie des pays les plus dépendants des prêts de Pékin

• Pourquoi la pénurie de médicaments au Maroc est-elle préoccupante ?

Tshisekedi peut-il gagner la guerre dans l’Est ?

Millefeuille. Depuis la résurgence du M23 dans l’est de la RDC, la crise sécuritaire endémique s’est encore accentuée. Soutenus par des éléments des Forces de défense rwandaises (RDF), les rebelles sont aujourd’hui aux portes de Goma, aux prises avec les Forces armées de la RDC (FARDC). Saké, « dernier verrou » avant d’atteindre le chef-lieu du Nord-Kivu, est sous le contrôle des wazalendo, ces miliciens qui font office de supplétifs des FARDC.

De retour de l’est du pays, Romain Gras signe une série de reportages levant un coin du voile sur le millefeuille de forces armées déployées pour tenter d’enrayer la progression du M23. Des milices à l’armée régulière en passant par le reliquat des forces de la Monusco, les hommes déployés par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et, désormais, des sociétés militaires privées.

« L’aventure ». Ces sociétés militaires ont pour nom Agemira et Congo Protection. Elles sont désormais déployées dans l’est de la RDC.

La première, Agemira, est dirigée par l’homme d’affaires français Olivier Bazin, ancien gendarme devenu vendeur d’équipements militaires. Sur le terrain, c’est un ancien colonel des commandos parachutistes qui dirige les opérations. Il a recruté ses hommes au sein des retraités de l’armée française. « C’est l’aventure », s’enthousiasme l’un d’entre eux. Agemira met ses capacités de renseignement, ses instructeurs et ses pilotes de drones au service des FARDC, et gagnent une influence croissante dans la conduite des opérations.

La seconde, Congo Protection, est active depuis décembre 2022. Dirigée par un ancien soldat de la Légion étrangère française, constituée de Romains, ces « Roméos », leurs surnoms, sont des « coachs », a assuré le président Félix Tshisekedi, qui récuse le terme de mercenaires. Leur feuille de mission ? Former les FARDC au combat en forêt et en zone urbaine ou encore à la conduite de véhicules de combat. Pour en savoir plus, retrouver l’intégralité des articles dans notre série « RDC : Félix Tshisekedi peut-il encore gagner la guerre ? »

Assimi Goïta face à Mohamed Ould Ghazouani

Exactions. La Mauritanie, qui partage une frontière de plus de 2 000 kilomètres avec son voisin malien, accuse les forces armées maliennes et leurs supplétifs russes de Wagner d’avoir commis de nombreuses exactions envers des ressortissants mauritaniens lors d’opération « antiterroristes ». En mars 2022, déjà, les autorités maliennes avaient annoncé l’ouverture d’une enquête au lendemain d’un massacre de civils. Ses conclusions n’ont pas été rendues publiques. Fin avril, l’attaque d’un village habité par des Mauritaniens, mais sur le territoire malien, a relancé la crise.

Crise diplomatique. Les tensions entre le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, et le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, ont atteint un niveau inédit. Malgré plusieurs rencontres et échanges téléphoniques, au fil d’un intense ballet diplomatique qui s’est joué tout au long du mois d’avril, les crispations demeurent. Et le ton se fait désormais menaçant. Le porte-parole du gouvernement mauritanien, Nani Ould Chrougha, a prévenu : « La Mauritanie n’a pas fermé les yeux sur le meurtre de ses citoyens aux frontières, prenant toutes les mesures militaires et sécuritaires. » Un climat délétère analysé par Justine Spiegel dans notre « Match de la semaine ».

Le « cas Soro » et la crainte du complot

Barbouzerie. Des proches de Guillaume Soro préparent-ils des actions de déstabilisation en Côte d’Ivoire ? C’est la conviction des services de renseignement ivoiriens. Fin janvier, un ex-rebelle des Forces nouvelles (FN), jadis lieutenant d’Issiaka Ouattara, alias Wattao, est arrêté à Abidjan. Au fil des interrogatoires menés par les services de renseignement, il affirme avoir été chargé de recruter des jeunes Ivoiriens destinés à être formés aux armes. Si le Mali est un temps envisagé, les conspirateurs présumés finissent par jeter leur dévolu sur le Burkina Faso. Le commanditaire serait, à l’en croire, un autre ex-rebelle, ancien gendarme, décrit comme un « homme de Soro ».

Dénégation et accusations. Dans un contexte de vives tensions entre les deux pays, les autorités ivoiriennes ont informé leurs homologues burkinabè de leurs suspicions, fin avril. Abidjan s’inquiète alors en particulier du fait que les jeunes recrues auraient été formées dans une base militaire proche de la capitale burkinabè. Ouagadougou a nié toute implication. Le 26 avril, le capitaine Ibrahim Traoré, à la tête de la junte, passe à l’offensive. À son tour, il accuse les autorités ivoiriennes. « Tous les déstabilisateurs du Burkina sont là-bas », a-t-il notamment lâché.

Quels sont les pays les plus dépendants des prêts de Pékin ?

Chute vertigineuse. L’atonie de la croissance chinoise a des répercussions fortes sur le continent. Pékin, qui réoriente désormais en profondeur sa stratégie économique, notamment à l’international, réduit fortement la voilure sur le front des prêts accordés aux États africains. Dans le même temps, ces derniers, qui peinent pour beaucoup à sortir de l’ornière provoquée par la succession de crises – covid, guerre en Ukraine, hyperinflation, conséquences du changement climatique sur les agricultures… — ont des marges de manœuvre budgétaires réduites. Deux chiffres permettent de comprendre l’ampleur de la chute : en 2016, Pékin a prêté 28,4 milliards de dollars au continent ; en 2022, seulement 994 millions.

Dépendances. Les pays du continent ne sont pas tous égaux face à cette situation. Il y a, d’une part, les crises monétaires traversées par l’Afrique du Sud, le Nigeria ou encore l’Égypte, moteurs économiques du continent. Il existe, plus structurellement, d’énormes différentiels dans le degré de dépendance des États aux financements chinois au cours de ces 20 dernières années. Là où l’Algérie a emprunté 49 millions de dollars à la Chine en deux décennies, l’Angola a contracté pour près de 45 milliards de dollars de prêts auprès de Pékin. La cartographie dressée pour JA par Maÿlis Dudouet donne à voir le classement des pays sur cette « échelle de la dépendance » des prêts chinois.

Préoccupante pénurie de médicaments au Maroc

Pénurie inédite. Un peu plus de 19 % des médicaments théoriquement disponibles dans les pharmacies marocaines manquent désormais à l’appel. À titre de comparaison, en 2019, lorsque les praticiens ont lancé les premières alertes, seulement 1 à 2 % des références étaient indisponibles. La Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (Fmiip) relativise cet état de fait. À Jeune Afrique, sa directrice, Layla Laassel Sentissi, assure que seuls les médicaments importés d’Europe sont touchés – en raison d’une tension sur les matières premières – et préfère au terme de pénurie ceux de rupture de stocks de courte durée.

Offre et demande. Comment expliquer cette pénurie alors que l’industrie pharmaceutique au Maroc est particulièrement florissante ? Après le phosphate, c’est en effet la deuxième industrie chimique du royaume, au sein duquel elle pèse pour 1,5 % du PIB, nous apprend Salimata Koné dans le décryptage qu’elle consacre à ce dossier sensible. Si plus d’une quarantaine de laboratoires sont présents dans le pays, parmi lesquels Sanofi, Sothema et Roche, « le volume dont [le Maroc ] a besoin actuellement ne justifie pas un investissement » de la part de ces groupes, explique la directrice de la Fmiip.

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