LA FORMATION POLITIQUE ET LA DéSERTION DES CADRES EN POLITIQUE: UNE RéFLEXION NéCESSAIRE

La question de l’engagement en politique m’a toujours passionné, et celle de la formation des militants a toujours été au cœur de mes réflexions. Cependant, récemment, j’ai été témoin d’une situation assez cocasse où quelques jeunes engagés en politique ne faisaient pas la distinction entre la liberté d’expression, l’insulte, voire même la calomnie.

Certes, on pourrait dire que c’est une situation rare et que la majorité des gens savent faire la part des choses, mais, le fait que certains trébuchent sur des concepts aussi simples m’a poussé à réfléchir à la question de la formation politique et de la désertion des cadres, en particulier dans nos rangs à gauche.

Lorsque des militants, censés être les porte-voix et les représentants de la gauche, se montrent incapables de distinguer des notions fondamentales, cela fragilise grandement la position de l’ensemble. Or, dans un contexte de forte polarisation idéologique, nous avons plus que jamais besoin de cadres compétents et intègres, capables de porter nos valeurs et nos propositions de manière constructive et légitime. C’est une condition sine qua non pour peser efficacement sur le débat politique.

Il est indéniable que les partis de gauche sont parmi les seuls encore à ouvrir leurs portes aux citoyens, contrairement à d’autres formations fermées, ce qui fait peser sur eux une responsabilité particulière en termes de recrutement et de formation de leurs militants. Cet atout historique de la gauche ne doit pas se transformer en talon d’Achille.

Pour remédier à cette situation, il est impératif de mener une analyse approfondie des causes de cette désaffection. Il est nécessaire de se questionner sur les conditions de valorisation et d’épanouissement offertes aux cadres militants. Sont-elles suffisamment attractives pour les retenir ?

Par ailleurs, la culture politique de la gauche doit impérativement opérer une mue profonde pour mieux valoriser l’expertise et le professionnalisme de ses cadres. Trop souvent, l’ancienneté militante prime encore sur les compétences avérées. Cette hiérarchie des légitimités, héritée d’une époque révolue, freine l’émergence de nouveaux talents et nuit à l’efficacité de l’action politique.

Il est temps de placer l’expertise et le professionnalisme au cœur du projet de la gauche. Cela passe par la reconnaissance du mérite et la valorisation des parcours d’excellence. Les cadres doivent être sélectionnés en fonction de leurs compétences, de leur expérience et de leur capacité à porter les valeurs de la gauche avec modernité et audace.

Enfin, la capacité à former et à recycler en permanence ces cadres est essentielle. Cela permet de :

– Maintenir à jour leurs compétences et leur expertise.

– Les adapter aux évolutions du contexte politique et social.

– Les préparer à relever de nouveaux défis.

– Éviter l’obsolescence des idées et des pratiques.

Négliger la formation et le renouvellement des cadres équivaut à s’exposer à un danger redoutable: l’asphyxie idéologique. En effet, une organisation qui ne veille pas à l’actualisation des compétences et à l’apport de nouvelles perspectives risque de se figer dans ses schémas de pensée, de s’éloigner des préoccupations du moment et de devenir incapable de proposer des solutions innovantes aux défis qui se dressent devant elle.

Ce chantier de refondation des ressources humaines de la gauche est certes de longue haleine, mais c’est un impératif pour regagner en influence et en légitimité face aux enjeux politiques, économiques, sociaux et sociétaux du Maroc d’aujourd’hui.

*Membre du bureau politique du parti de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD)

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