CRISE DES SARDINES : LES PROFESSIONNELS APPELLENT à UNE RéFORME URGENTE POUR STABILISER LES PRIX

La flambée des prix des produits de la mer, notamment des sardines, a déclenché un vif débat autour des véritables causes de cette hausse, qui a atteint des sommets durant cet été 2024. Cette situation a contraint de nombreuses familles, particulièrement parmi les couches sociales vulnérables et moyennes, à exclure ces produits de leur alimentation.

Face à cette crise, les professionnels du secteur de la pêche ont récemment interpellé le Conseil de la concurrence, sollicitant une intervention pour réguler les circuits de vente des poissons et contrôler les prix au Maroc, tout en combattant certaines pratiques illégales. La Confédération nationale des commerçants de poisson en gros dans les ports et marchés marocains, quant à elle, a proposé des solutions visant à revoir les méthodes de travail et les techniques de pêche.

Dans un communiqué détaillé, la Confédération a souligné que les commerçants de poisson en gros, opérant dans le cadre de la loi 08-14, respectent scrupuleusement les réglementations en vigueur, de la réception au port jusqu’aux marchés de gros, sous la supervision de l’Office national des pêches ou d’agents désignés. Elle précise que leur responsabilité s’arrête au niveau des marchés de gros.

Selon cette organisation professionnelle, trois facteurs majeurs influencent les prix du poisson au Maroc. Le premier est l’absence de contrôle sur l’offre et la demande, et le manque de solutions pour réguler l’accès aux marchés, un problème historique non résolu. Cette carence compromet la gestion durable de la ressource et l’équilibre du marché.

Le deuxième facteur concerne les conditions climatiques, qui ont un impact direct sur l’environnement marin. Le non-respect des normes établies par l’Institut national de recherche halieutique et la surpêche ont conduit à une exploitation excessive des ressources, ignorant les périodes de repos biologique nécessaires pour préserver les stocks de poissons.

Le troisième facteur soulevé par la Confédération est l’absence d’une vision stratégique pour valoriser les produits de la mer dans les marchés portuaires et les centres de tri. La mise en place d’un véritable système d’enchères, en particulier pour les sardines, est jugée essentielle pour respecter la stratégie Halieutis, qui vise à accroître la valeur ajoutée, améliorer les revenus des pêcheurs, et garantir la durabilité de la ressource halieutique.

Pour une meilleure régulation des prix du poisson, la Confédération insiste sur l’importance d’une convention collective impliquant le Conseil de la concurrence, l’Office national des pêches (ONP), l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), et le ministère de la Pêche. Cette collaboration est cruciale pour fixer un prix d’achat équitable, tout en garantissant la qualité des produits de la mer jusqu’au consommateur final.

Par ailleurs, la Confédération plaide pour l’adoption d’une « loi sur la deuxième vente » à intégrer dans la législation en vigueur, régissant la pêche et la commercialisation.

La Confédération rappelle que le commerce de poisson en gros est régi par la loi 08-14, composée de 35 articles garantissant la durabilité des ressources halieutiques. Elle mentionne également la loi 12-15, qui encadre le suivi des espèces pêchées jusqu’à leur vente au détail, ainsi que la loi sur la sécurité des produits alimentaires. Selon la Confédération, les grossistes en poisson jouent un rôle clé dans l’écosystème du secteur, interagissant directement avec tous les acteurs professionnels.

Face aux prix exorbitants du poisson qui pèsent sur le budget des Marocains, le président de la Confédération, Abdellatif Saadouni, a souligné que la crise réside principalement dans le déséquilibre entre l’offre et la demande, notamment pour les sardines, particulièrement en été et durant le mois de Ramadan, où les prix s’envolent par rapport aux tarifs pratiqués sur les marchés de gros.

Dans une déclaration à Hespress, Saadouni a également signalé une baisse de 85 % de la production de sardines dans les ports du sud du Maroc cette année. Les ports de Sidi Ifni, Tan-Tan, Tarfaya, Laâyoune, Boujdour, et Dakhla, qui représentent 84 % de la production nationale, ont vu leur production chuter drastiquement, provoquant une crise pour les professionnels du secteur.

Les marchés de gros des grandes villes telles que Marrakech, Casablanca, Meknès, Fès, et Tanger ont également été touchés par cette diminution, certains ports, comme Sidi Ifni, Essaouira, Safi, et El Jadida, étant les principaux fournisseurs de ces marchés. La production limitée, difficile à commercialiser, a entraîné une flambée des prix des sardines, atteignant jusqu’à 1.000 dirhams par caisse dans certains ports du nord et du centre, un phénomène que Saadouni attribue à une « surenchère obstinée » plutôt qu’à une véritable problématique de concurrence.

La Confédération nationale des commerçants de poisson en gros exhorte le ministère de la Pêche et l’Office national des pêches à revoir certaines mesures et directives antérieures, tout en restructurant les pêcheries en collaboration avec les autorités compétentes. Elle met en garde contre la prolifération des points de vente informels, l’anarchie, la médiation illégale, et le contrôle insuffisant des méthodes de pêche, autant de facteurs contribuant à l’augmentation des prix des produits de la mer.

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