AUDITION PUBLIQUE POUR UNE MOUDAWANA éQUITABLE : TéMOIGNAGES SANS TABOUS

Dans le cadre du plaidoyer constant et de la mobilisation continue des mouvements pour les droits des femmes, mais aussi des diverses initiatives pour une réforme profonde et globale du Code de la famille, et dans le contexte du vaste débat public au Maroc depuis l’annonce de la révision du Code de la famille initiée par le discours royal du 30 juillet 2022, la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes (FLDDF) organise une audition publique autour de la thématique « Témoignages sans tabous… Écoutez-moi et rendez-moi justice ».

Cette audition vise à donner la parole aux femmes, étouffées par les traditions et le poids sociétal. A ce propos, la FLDDF explique que « le discours du Roi a souligné l’importance de la place naturelle et pionnière de la femme, ainsi que son rôle crucial dans le développement social».

Le même discours insiste sur la nécessité de réviser le Code de la famille, de remédier aux dysfonctionnements et aux effets négatifs observés lors de son application, et de mettre à jour les divers mécanismes institutionnels et législations concernant les droits des femmes, répondant ainsi à leurs attentes et aux exigences de progrès social, de développement national, et de cohésion familiale basée sur l’équité, la justice, et l’égalité. Ces revendications sont soutenues par le mouvement des droits des femmes, notamment la FLDDF, depuis 2007.

En ce sens, la Fédération annonce l’organisation d’une audition publique de témoignages de femmes, qui s’articulera autour de l’écoute des voix de femmes ayant souffert d’injustice, de discrimination et de marginalisation en raison des dispositions du Code de la famille.

Pour plus de précisions, Hespress FR a approché Samira Mohya, présidente de la FLDDF, qui a confirmé que « cette audition publique est une rencontre ouverte à toutes et à tous, une plateforme dédiée à redonner une voix à toutes les femmes étouffées par les lacunes de la Moudawana. Aujourd’hui, des femmes issues de toutes les régions du Maroc seront rassemblées pour exprimer, haut et fort, les injustices qu’elles subissent dans le cadre de la législation en vigueur ».

Ces témoignages, vivants et réalistes, relateront les expériences de femmes ayant fréquenté les centres d’accueil affiliés à la Fédération et au Réseau LDDF INJAD contre la violence de genre, dans diverses zones urbaines et rurales à travers le Royaume. L’événement verra également la présence et la participation de personnalités politiques et parlementaires, qui interagiront avec le contenu de ces témoignages féminins. La rencontre sera enrichie par des segments artistiques variés, incluant des performances musicales, théâtrales et littéraires.

En mettant en avant les perspectives de cette rencontre, Samira Mohya a confié que « bien que la Moudawana ait apporté des avancées significatives, elle présente encore de nombreuses lacunes. Les problèmes relatifs à l’héritage, aux subventions après le divorce, au tâasib, et à la violence demeurent des préoccupations majeures. Nos mères célibataires et nos femmes divorcées souffrent en silence. Il est temps de faire entendre leur voix ».

Cette audition s’inscrit dans l’engagement quotidien de la FLDDF. « Elle est une rencontre stratégique, marquée par la participation de nombreux experts judiciaires, qui apporteront leurs opinions et jugements éclairés. Des personnalités académiques de divers secteurs enrichiront également nos débats, couvrant même l’ijtihad, un aspect religieux crucial dans notre réflexion sur la réforme », a-t-elle révélé.

Pour agrémenter ces échanges, des pauses artistiques seront également au programme. Des pièces de théâtre, des récitals de poésie, tous inspirés par cette thématique délicate, offriront une autre perspective sur la lutte. « Nous avons eu l’honneur de collaborer avec une réalisatrice marocaine de renom, qui a conçu des courtes pièces théâtrales en lien étroit avec les problèmes soulevés par la Moudawana. Avec la participation de nombreux acteurs marocains de renom, nous mettons en lumière ces problématiques cruciales », a détaillé Samira Mohya.

Engagée pour un avenir meilleur pour les femmes marocaines, la militante indique que les mesures nécessaires ont été prises. « Notre comité a déjà formulé ses propositions. Maintenant, c’est au tour des femmes de faire entendre leurs voix. Elles sont les architectes du changement, les actrices principales de cette lutte pour la justice« , dit-elle.

Partageant son expérience personnelle, elle nous a confié être elle-même « une victime de la Moudawana. Et en tant que concernée, cette révolution résonne profondément en moi. Chaque femme porte une histoire avec la Moudawana, une histoire qui mérite d’être entendue ».

Et pour conclure, Samira Mohya a adressé un message clair : « À ceux qui nous accusent de vouloir occidentaliser les réformes et la société, nous sommes ici pour clarifier nos demandes. Notre quête est celle d’une réforme juste, équitable et respectueuse des droits de chaque femme marocaine».

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