ÉLECTIONS AU ROYAUME-UNI: LE TRAVAILLISTE KEIR STARMER, AUX PORTES DU 10 DOWNING STREET?

Au Royaume-Uni, 50 millions de Britanniques sont appelés aux urnes pour élire jeudi 4 juillet leur nouveau Parlement. Après 14 ans au pouvoir, les conservateurs pourraient subir une défaite historique et laisser la place aux travaillistes, grands favoris dans les sondages. Mais qui est Keir Starmer, le chef du Labour qui pourrait ainsi devenir le prochain Premier ministre ?

D'ici vendredi 5 juillet, Keir Starmer devra certainement commencer à faire ses valises. Les derniers sondages le confirment, cet ancien avocat devrait s’installer au 10 Downing Street. Lui est prêt à devenir Premier ministre du Royaume-Uni et il l’a dit devant les caméras de SkyNews, rapporte notre envoyé spécial à Londres, Julien Chavanne : « Je vais attendre 22h jeudi soir, mais on a préparé ce parti pour gouverner. Si on a le privilège de servir notre pays, je suis prêt à me mettre en route pour répondre aux besoins de la population qui a profondément besoin de changement. »

Trop centriste pour certains, ou simplement pragmatique pour d'autres, ce juriste de 61 ans a pris les rênes du Labour début 2020, en pleine déroute électorale. Et il a mené une campagne sans éclat. Ancien avocat spécialisé dans la défense des droits humains, il a par le passé défendu plusieurs condamnés à mort dans les Caraïbes ainsi que des écologistes accusés de diffamation par McDonald's.

Un style qui tranche avec celui de son prédécesseur

Keir Starmer, fils d'un outilleur et d'une mère infirmière, est connu pour être un travailleur compétent au style sévère, sans grand charisme, présenté comme un candidat trop lisse. Celui qui pourrait poser ses valises au 10 Downing Street est un europhile et souhaite reconstruire le système de santé, ainsi que relancer la croissance tout en protégeant les travailleurs précaires et en développant la production d'énergies renouvelables d'ici à 2030.

Le candidat du Labour a voulu s'éloigner de la politique très à gauche de son prédécesseur Jeremy Corbyn. Un choix dénoncé par ses opposants. En guise d'exemple, Keir Starmer a refusé d'annuler le plafonnement des allocations familiales à partir du deuxième enfant. Il est aussi revenu sur la promesse initiale de 28 milliards de livres par an pour atteindre les objectifs de lutte contre le dérèglement climatique.

Pour les centristes et les électeurs modérés, il ne fait donc pas figure d'épouvantail. Même les marchés financiers appellent à voter pour lui, tout comme le très influent tabloïd The Sun, pourtant historiquement conservateur.

Rishi Sunak pourrait perdre son siège de député, inédit pour un Premier ministre sortant

En face, Rishi Sunak a encore du mal à y croire. Selon le Guardian, le Premier ministre sortant a confié à des proches qu’il craignait de perdre son siège de député : ce serait inédit. Du jamais vu non plus, le score catastrophique annoncé pour les Conservateurs jeudi, selon les sondages.

Désespérés, les Tories ont même ressorti Boris Johnson du placard mardi soir pour venir soutenir Rishi Sunak. Cela alors que les deux hommes se détestent et que l'ancien Premier ministre a une image désastreuse après les nombreux scandales. « Quelles que soient nos différences, elles ne sont rien à côté du désastre auquel nous risquons de faire face », a lancé l'ex-chef du gouvernement Boris Johnson.

Rishi Sunak avait prévu un dernier meeting mercredi 3 juillet au soir, certainement le dernier dans son costume de chef du gouvernement. Les Conservateurs, au pouvoir depuis 14 ans, s'apprêtent donc à céder la place aux Travaillistes.

Dans l'opinion, les dés semblent jetés

À quelques heures du vote et des résultats, Liam est un jeune papa en congé parental et vote à gauche depuis qu’il a l’âge de voter. Il espère se réveiller vendredi avec un Premier ministre travailliste, a-t-il raconté à notre correspondante à Londres, Émeline Vin : « Je crois en l’équité. Après 14 ans au pouvoir, les Conservateurs ont divisé le pays et ont ruiné les finances publiques. Il est temps qu’un gouvernement travailliste entame la reconstruction. J’ai de l’espoir et de l’enthousiasme ».

Tous ceux qui cocheront la case travailliste ce jeudi ne sont pas des militants convaincus. Lucy votera utile, même si cette enseignante penche plutôt vers les Verts et n’adhère pas à la personnalité plutôt fade du patron du Labour : « Je ne pense pas que Keir Starmer soit un excellent dirigeant, mais c’est le moins pire. C’est surtout un vote pour le parti, et ce qu’il représente : et pour permettre à tout le monde dans ce pays de prospérer, pas seulement les plus riches ».

Son collègue Anthony espère simplement que les sondages, ultra-favorables au Labour, ne vont pas encourager l’abstention : « Ces dernières années, on a vu ce qu’il s’est passé avec Hillary Clinton, avec le Brexit. Rien n’est fait tant que ce n’est pas fini. Je veillerai tard pour suivre les résultats ».

Les premières estimations seront disponibles jeudi à 21h TU. 

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