LéGISLATIVES AU ROYAUME-UNI: VICTOIRE éCRASANTE DES TRAVAILLISTES, CINGLANT REVERS POUR LES CONSERVATEURS

C'est une majorité sans précédent que remporte le Parti travailliste face aux conservateurs, selon les sondages sortie des urnes, ce jeudi 4 juillet. Le Labour remporterait 410 sièges sur les 650 de la Chambre des Communes, contre 131 sièges pour les Tories. Le Premier ministre sortant Rishi Sunak conserve son poste de député et la droite dure de Nigel Farage fait une entrée fracassante au Parlement.

 

Il était 5 h du matin heure locale quand Rishi Sunak, qui a réussi à sauver son poste de député, a reconnu la défaite de son camp. « Le Labour a gagné l’élection et j’ai appelé Keir Starmer pour le féliciter de sa victoire. Je vais maintenant rentrer à Londres où j’en dirai plus sur les résultats... avant de quitter mon poste de Premier ministre pour lequel j’ai tout donné », a déclaré le Premier ministre avant de s'envoler pour Londres ce vendredi matin, son dernier vol dans le jet officiel du gouvernement britannique. Il a rendez-vous avec le roi Charles III pour présenter sa démission avant de rendre les clés du 10 Downing Street.

Ce scrutin, c'est une douche froide pour les conservateurs britanniques qui subissent leur pire défaite depuis le début du XXe siècle au Royaume-Uni. Le Parti travailliste devrait l'emporter avec une énorme majorité, rapporte notre correspondante à Londres, Emeline Vin. Les sondages à la sortie des urnes les créditent à 410 sièges. Pour rappel, la majorité se situe à 326. Les conservateurs, à qui l'on prédisait une défaite record, n'ont que 131 sièges. C'est près de trois fois moins que ce qu'ils possèdent actuellement. 

Les libéraux-démocrates (centristes) se renforceraient avec 61 députés, mais la surprise du scrutin vient surtout du parti anti-immigration et anti-système Reform UK : il gagnerait 13 sièges, une entrée bien plus fracassante que prévu pour la formation de la figure de la droite dure, Nigel Farage. Ce dernier a d'ailleurs été élu pour la première fois après huit essais.

Alors que l'extrême droite est susceptible d'accéder au pouvoir en France et que Donald Trump semble bien placé pour retourner à la Maison Blanche, les Britanniques ont choisi massivement un dirigeant modéré de centre-gauche. Dès demain matin, Keir Starmer devrait être nommé Premier ministre. Le Parti travailliste revient au pouvoir, après quatorze années de règne des conservateurs.

Après l'annonce de la victoire des travaillistes, Keir Starmer, lui-même réélu, a tenu à remercier « tous ceux qui ont fait campagne pour le parti travailliste lors de cette élection, à tous ceux qui ont voté pour nous et ont accordé leur confiance à [leur] nouveau parti travailliste. », a-t-il déclaré sur X (anciennement Twitter). Le Royaume-Uni est « prêt au changement » et aspire à un retour de « la politique en tant que service rendu au public », a déclaré le chef des travaillistes Keir Starmer, amené à devenir Premier ministre.

Tourner la page des conservateurs

Selon l'institut de sondage britannique YouGov, 38 % des Britanniques estiment que les conservateurs ont mené la pire campagne électorale contre 8 % pour les travaillistes. En revanche, 31 % pensent qu'aucun des partis politiques n'a mené la meilleure campagne. Seuls 20 % des Anglais pensent que les travaillistes ont mené la meilleure campagne.

Après cinq Premiers ministres conservateurs, le Brexit, l'austérité, la crise du pouvoir d'achat, et la dégradation du système de santé public, les Britanniques ont signifié leur mécontentement dans les urnes et veulent tourner la page des conservateurs. Les Tories n'avaient plus qu'une ambition dans les derniers jours de la campagne : limiter l'ampleur de la défaite.

Pour Rishi Sunak, le cinquième Premier ministre conservateur depuis 2010, ces législatives qu'il avait annoncées sous la pluie fin mai, marquent la fin d'une campagne qui a tourné au calvaire. L'ancien banquier d'affaires et ministre des Finances de 44 ans, qui a finalement sauvé son siège de député, a accumulé les bévues et a semblé manquer de sens politique, écourtant sa présence aux célébrations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie et tardant à réagir aux soupçons de paris frauduleux dans son camp sur la date des élections.

En face, Keir Starmer a mis en avant ses origines modestes – mère infirmière et père outilleur – contrastant avec son adversaire multimillionnaire. Il a promis une gestion des dépenses publiques très rigoureuse, sans augmentation d'impôts pour la majorité des Britanniques. Il compte sur une stabilité retrouvée, des interventions de l'État et des investissements dans les infrastructures pour relancer la croissance et redresser des services publics.

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