ITALIE: LA COMMUNAUTé INDIENNE MANIFESTE CONTRE L'EXPLOITATION AGRICOLE APRèS LA MORT BRUTALE D’UN TRAVAILLEUR

Plusieurs milliers de représentants de la communauté indienne de la région de Rome, des partis d’opposition et d’associations de la société civile ont participé à la manifestation organisée à Latina par le syndicat GGIL, le plus important de l’Italie. Le rassemblement intervient trois jours après le décès brutal de Satnam Singh, 31 ans, qui travaillait dans la campagne alentour, pour dénoncer le système d'exploitation proche de l'esclavage que beaucoup de travailleurs agricoles subissent.

La question qui a été soulevée est la suivante : est-ce que la mort de Satnam Singh va, enfin, permettre de mettre la lumière sur les « esclaves » invisibles en Italie ? Ce travailleur agricole indien a été abandonné par son patron comme un sac-poubelle avec, dans un cageot, le reste de son bras droit arraché par une machine agricole, rapporte notre correspondante à Rome, Anne Le Nir.

L’Institut national de statistique estime à 450 000 le nombre d’ouvriers agricoles surexploités. Parmi eux, 70 % proviennent de pays extracommunautaires et restent longtemps sans permis de séjour. Donc sans contrat de travail et payés entre 25 et 30 euros par jour.

De très nombreux représentants de la communauté indienne de la région de Rome étaient présents dans le cortège. La communauté compte plus de 30 000 personnes, essentiellement des Sikhs.

Comme l’a rappelé la dirigeante de la CGIL Francesca Re David, « il est urgent d’en finir avec les entreprises qui violent la loi instituée en 2016 pour protéger les travailleurs contre des conditions similaires à l’esclavage ».

De son côté, la leader du Parti Démocrate (centre-gauche) Elly Schlein a souligné la nécessité de « combattre structurellement le caporalato ». Ce système de recrutement et d’exploitation extrême des travailleurs agricoles, qui s’approche de l’esclavage et s’établit par le biais d’intermédiaires mafieux, est profondément ancré dans les campagnes italiennes.

Après l’incident, le président de la République Sergio Mattarella a également réagi, appelant à « mettre fin à l'exploitation illégale du travail », a rapporté l’agence ADN Kronos. Selon lui, il s’agit d’un « phénomène qui, avec rigueur et fermeté, doit être combattu partout, totalement éliminé et sanctionné, en évitant de donner l'impression erronée et inacceptable qu'il est toléré en l'ignorant ».

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