EN PRIVé, BARACK OBAMA NE CACHE PAS SON INQUIéTUDE POUR LES éLECTIONS DE NOVEMBRE

Les six derniers jours ont été particulièrement éprouvants pour les Américains qui ne souhaitent pas le retour de Trump : la performance du président Biden lors du débat a été un véritable naufrage, et pour couronner le tout, la Cour Suprême a donné au candidat républicain un blanc-seing, lui accordant une immunité partielle qui lui laisse les mains libres pour agir comme un véritable autocrate en cas de réélection. Mais si les bonnes nouvelles manquent, au moins les Américains attachés à la liberté et la démocratie peuvent être rassurés de savoir qu’ils ne sont pas seuls à avoir peur, car l’ancien président Barack Obama lui-même a confié qu’il craignait le pire.

Le Washington Post rapporte qu’Obama « avait confié à des alliés qui l’avaient contacté que le chemin vers la réélection de Biden était de plus en plus incertain après sa performance bancale lors du débat de jeudi dernier. Une vision plus tranchée que ses commentaires publics, selon plusieurs observateurs. » L’ancien président a-t-il regardé le débat en se couvrant les yeux, consterné comme beaucoup d’Américains démocrates par les absences de Biden ? On ne le saura pas, d’autant que le camp Obama a refusé de répondre aux questions du Washington Post.

Un autre article paru ce mardi dans le New York Times n’est pas de nature à rassurer. « Dans les semaines et les mois avant la performance désastreuse de Biden au débat organisé à Atlanta, de nombreux interlocuteurs, et notamment des membres en exercice ou retraités de la haute administration, ayant rencontré le président dans un cadre privé ont remarqué que ce dernier apparaissait de plus en plus confus et léthargique, perdant parfois le fil de ses propos », nous apprend le quotidien new-yorkais. Avant de poursuivre :

Comme de nombreuses personnes de son âge, Joe Biden, 81 ans, a quelques oublis, qu’il s’agisse d’un mot, d’un nom ou d’un fait. Mais récemment, les gens qui ont échangé avec lui font état d’absences de plus en plus fréquentes, aiguës et inquiétantes. Ces épisodes, imprévisibles, semblent toutefois se produire davantage lorsque le président se trouve face à une grande foule, ou qu’il est fatigué par un planning harassant. Le 10 juin, au cours d’une célébration du Juneteenth – fête de l’émancipation des anciens esclaves – on l’a aperçu erratique, semblant perdu pendant un moment. Le 18 juin, sa voix trop basse et sa difficulté à se souvenir du nom du secrétaire à la sécurité intérieure lors d’un évènement consacré à l’immigration ont inquiété. Autour de lui, des regards paniqués se sont échangés, avant que le président ne finisse par réussir à nommer Alejandro N. Mayorkas.

Selon une de ses conseillères, Biden est « curieux, concentré, et vif d’esprit »

Comme le fait remarquer le New York Times, Joe Biden « n’est pas comme ça en permanence », et des témoins qui l’ont vu dans les jours suivant le débat parlent d’un homme « alerte, cohérent, en pleine maîtrise de ses moyens, qui sait se livrer à des discussions compliquées et faire face à des crises délicates. » Des sources parlent également de sa forme « olympique » au téléphone avec Netanyahou dans la Situation Room lorsque l’Iran a envoyé des missiles et des drones sur Israël. Neera Tanden, conseillère de Joe Biden en politique intérieure a indiqué au quotidien que le président était « curieux, concentré, et vif d’esprit » et que lors des points quotidiens, celui-ci demandait toujours comment les constats évoqués pouvait concerner le citoyen moyen, poussant souvent son interlocuteur à revoir sa copie pour pouvoir convaincre la majorité des Américains. Elizabeth Sherwood-Randall, conseillère en sécurité intérieure de Joe Biden, a déclaré que lors d’un point qui avait eu lieu dans la Situation Room moins de deux semaines avant le débat, le président avait « ingurgité une immense quantité d’informations » et posé des questions « pointues et pertinentes ». Selon elle, la performance de Joe Biden lors du débat ne « reflète pas l’homme [qu’elle] fréquente au quotidien ».

Tant mieux, sauf que du point de vue électoral, ça ne se présente pas sous le meilleur jour. La preuve en est que Joe Biden lui-même aurait dit à un proche, selon un article du New York Times paru ce mercredi, « qu’il ne serait peut-être pas en mesure de sauver sa candidature s’il ne parvenait pas à convaincre le public dans les prochains jours qu’il était toujours apte au service ». Les sites de bookmakers croient savoir que Kamala Harris serait la candidate démocrate si Biden venait à se retirer de la course. Une perspective qu’on se refuse à envisager ou à commenter du côté de la Maison-Blanche.

Mais que le candidat soit Joe Biden ou Kamala Harris, il faut surtout se souvenir de celui qu’ils auront en face d’eux, à savoir Donald Trump Jr. qui n’est pas de prime jeunesse non plus. Comme le rappelle le NYT :

M. Trump, 78 ans, montre lui aussi quelques signes de vieillissement depuis son premier mandat à la Maison-Blanche. Il confond souvent les noms et les détails entre eux, et a des déclarations incohérentes. Il suit délibérément un programme de campagne plus léger que celui de M. Biden, ne fait aucune activité physique et s’est récemment assoupi pendant son procès. Pour sa campagne, le communiqué détaillant sa santé ne faisait que trois paragraphes.

Une campagne qui voit donc s’affronter deux hommes sur le déclin, mais au potentiel de nuisance incomparable.

Initialement publié par Vanity Fair US

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