CAMBODGE: DES ONG DéNONCENT LA RéPRESSION CONTRE LES OPPOSANTS à UN ACCORD AVEC LE LAOS ET LE VIETNAM

Au Cambodge, Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent une « répression musclée » après l'arrestation de 94 militants depuis le mois de juillet. Ils ont manifesté contre l'accord du « Triangle de développement CLV », pour Cambodge, Laos et Vietnam. Un accord régional de coopération commerciale et de migration en vigueur depuis 2004. Mais qui profite davantage aux investisseurs vietnamiens qui s'accaparent le foncier de certaines provinces cambodgiennes. Au grand dam des militants anti-CLV.

Dans un communiqué commun daté du 28 août, Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International accusent Phnom Penh de détenir « illégalement » des opposants à cet accord, dit du « Triangle de développement CLV » entre le Cambodge, le Laos et le Vietnam. Ces opposants dénoncent des concessions foncières et estiment que l'accord sert des intérêts étrangers.

« Il est alarmant de constater que la réaction brutale du gouvernement cambodgien a conduit des jeunes gens, dont certains mineurs, à être illégalement détenus et inculpés de crimes graves contre l'État », a déclaré Kate Schuetze, directrice régionale adjointe d'Amnesty International, citée par le communiqué.

Sur le papier, l'accord CLV est favorable au développement entre le Cambodge, le Laos et le Vietnam. Mais dans les faits, le laxisme et la corruption des autorités cambodgiennes font craindre des pertes foncières au profit de gros investisseurs venus du Vietnam, l'ennemi historique.

Serrage de vis par les autorités cambodgiennes

Les détracteurs de l'accord CLV subissent depuis juillet un serrage de vis par les autorités cambodgiennes. Le Cambodge a renforcé les mesures de sécurité et imposé des restrictions aux déplacements à mesure que les critiques se multipliaient, ont indiqué les groupes de défense des droits. Mais la protestation existe bel et bien depuis 2004, date de signature de l'accord, rappelle Bryony Lau, directrice adjointe pour l'Asie à Human Rights Watch, jointe par téléphone par Mathis Slimano du service international de RFI :

« Malheureusement, c'est assez souvent que le gouvernement cambodgien va essayer de limiter les libertés des mouvements de réunion pacifiques et de l'expression des Cambodgiens », explique-t-elle.

Sur les 94 arrestations, plus de la moitié sont encore détenus, dont quatre enfants. « Nous sommes très inquiets de voir ça, surtout que ces quatre enfants sont accusés de complots. C'est l'accusation la plus sérieuse dans le système légal cambodgien. C'est une tactique pour dissuader la population de manifester contre le gouvernement. »

Des accusations rejetées par le gouvernement cambodgien

Le gouvernement du Premier ministre Hun Manet a rejeté ces accusations, affirmant que « des actions en justice ont été engagées uniquement contre ceux qui ont commis des actes contraires à la loi ». Au moins 59 des 94 personnes arrêtées ont été inculpées et sont toujours en état d'arrestation ou en détention provisoire.

D'autres manifestations anti-CLV ont eu lieu en Corée du Sud, au Japon et en Australie.

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