AFRIQUE DU SUD: CYRIL RAMAPHOSA DéVOILE UN GOUVERNEMENT D'UNION NATIONALE AU FORMAT INéDIT

Plus de dix jours après l'inauguration de Cyril Ramaphosa pour un second mandat, le chef de l'État a dévoilé un gouvernement d'union nationale extrêmement élargi. Y figurent 75 ministres et ministres adjoints. Neuf partis différents sont représentés. C'est un format inédit pour la démocratie sud-africaine alors que le Congrès national africain a dominé le paysage électoral depuis 30 ans. Mais sa perte de la majorité absolue, lors du dernier scrutin, l'oblige à trouver des partenaires.

Avec notre correspondant à Johannesburg, Romain Chanson

La promesse de réduire le nombre de ministères vient de voler en éclat, car il a fallu faire de la place et contenter tout le monde. Certains ministères sont donc appuyés par deux ministères adjoints, attention à ne pas se marcher sur les pieds.

L'Alliance démocratique, le parti arrivé deuxième, obtient six ministères. Son chef John Steenhuisen est nommé à l'Agriculture. Le parti obtient aussi le ministère de l'Intérieur en pleine réforme de l'immigration et alors que le processus d'attribution des visas est défaillant. 

En revanche, l'ANC conserve les Affaires étrangères, sorte de domaine protégé, où est promu le jeune Ronald Lamola, qui s'est illustré en portant l'accusation de génocide à Gaza contre Israël devant la Cour internationale de Justice.

Autre nomination marquante, le politicien xénophobe Gayton McKenzie qui rêvait de l'Intérieur ou de la police, doit se contenter des Sports et de la Culture. Et puis le chef du parti afrikanner, Freedom Front Plus, une minorité au pouvoir sous le régime d'apartheid, devient ministre des Prisons.

Le gouvernement est donc une alliance hétéroclite de partis très différents. Un gouvernement gonflé à l'hélium, que ses opposants essaieront de faire éclater en vol.

Pourquoi un gouvernement d’union nationale ?

Les 32 ministres du nouveau gouvernement d’union nationale prêtent serment, ce mardi 2 juillet, avant de prendre leurs fonctions. Des ministres issus de neuf partis différents qui devront apprendre à travailler ensemble pour le bien du pays et sa stabilité.

Ce nouveau gouvernement est la conséquence de la perte de la majorité absolue à l'Assemblée nationale pour le Congrès national africain (ANC) au pouvoir, depuis 30 ans. Mais plutôt que de choisir un ou deux partis avec qui travailler, l'ANC a décidé d'ouvrir le gouvernement au plus grand nombre.

L'Afrique du Sud a déjà connu un gouvernement d'union nationale. C'était en 1994. L'ANC avait alors largement gagné les élections, mais le parti voulait tourner la page du régime d'apartheid en conviant ses anciens ennemis à gouverner. A l'époque, ils étaient trois partis contre neuf aujourd'hui.

L'objectif, désormais, est de refléter les opinions des électeurs dont le vote a envoyé dix-huit partis à l'Assemblée nationale, une fragmentation du paysage politique qui pourrait provoquer la désunion du pays, redoute le pouvoir.

Ce grand gouvernement doit donc répondre à ce risque en faisant de la place aux opposants. Trente-deux ministres et quarante-trois ministres délégués sont ainsi créés pour contenter tout le monde.

« Un gouvernement boursoufflé qui va peser sur le contribuable », dénonce le parti de l'EFF, resté à quai.

L'élargissement du gouvernement assure cependant sa stabilité puisque si un parti se retire, la structure tiendra toujours.

« Le temps de la confrontation est dépassé », a déclaré John Steenhuisen, le chef de l'Alliance démocratique. Le temps de la collaboration est arrivé.

 

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